UN SILENCE COUPABLE
A l’approche de l’échéance du 25 novembre prochain, on n’a pas vraiment l’impression que ces élections législatives seront porteuses de changement et de renouvellement. En effet, on n’enregistre jusqu’à présent aucune démarche sérieuse ni du gouvernement ni des partis politiques en direction des jeunes générations ou des femmes.
Quant aux Citoyens Marocains de l’Etranger « CME » ils ont crus que la constitutionnalisation de leur droit de vote et d’éligibilité, allait créer une rupture avec le passé, en les instaurant dans leurs droits politiques. Mais pour des raisons inconnues, le gouvernement marocain a préféré une fois encore, exclure les quelques cinq millions de citoyens de l’étranger, d’un droit que leur garanti la constitution actuelle. Quand aux formations politiques de la majorité, elles observent un silence coupable, inexplicable.
Cette politique incompréhensible, nous laisse supposer que le gouvernement considère les Citoyens Marocains de l’Etranger « CME » comme des « demi-citoyens ». Qu’ils ne sont là, que pour apporter un soutien financier à l’Etat et qu’il ne faut, en aucun cas, les impliquer dans la gestion de leurs affaires. Cette politique est interprétée par la communauté, non seulement comme une marginalisation, mais aussi –et surtout- comme une forme d’indifférence, voire de mépris de la part des responsables marocains.
Pourtant, à l’occasion du référendum du 1er Juillet 2011, les CME étaient considérés comme des « super-citoyens ». En effet, à l’inverse de leurs concitoyens de l’intérieur, ils ont eu le droit de voter pendant trois jours, dans les consulats, les aéroports, les ports et même sur certaines autoroutes et sans être inscrits dans les listes électorales. Mais, dès qu’il s’agit de la jouissance de leur citoyenneté pleine et entière, ils sont redevenus citoyens de « seconde zone » et leurs droits sont de nouveau bafoués. C’est ce qu’on peut appeler « une logique illogique ».
En effet, sans aucune explication, la décision d’exclure les quelques cinq millions de citoyens marocains de l’étranger de leurs droits constitutionnels, a été prise de manière unilatérale par le gouvernement, alors que les partis de la majorité restent indifférents aux droits légitimes de plus de dix pourcent (10%) de la population marocaine. Pour la plupart des CME, ce n’est pas seulement une déception, mais une grande « HOGRA ».
Même les multiples discours royaux et notamment celui du 20 août dernier, appelant à la « mise en œuvre optimale des dispositions de la nouvelle loi fondamentale qui, pour la première fois, leur garantit constitutionnellement la jouissance de tous les droits de citoyenneté », n’a pas changé la donne, concernant cette question.
Mais l’expérience nous a enseigné, qu’entre les discours et la réalité, entre les intentions et les actions gouvernementales, la marge ne cesse de s’élargir. L‘exclusion des Citoyens Marocains de l’Etranger « CME » du processus électoral, est révélatrice d’un malaise, dû au manque de toutes formes de dialogue et de compréhension, voire de confiance entre les autorités marocaines et les leaders de la communauté.
En effet, malgré divers et multiples appels (sous toutes les formes) des organisations de la communauté, il semblerait, que même dans les hautes sphères politiques, le débat ne semble pas avoir eu lieu pour voir de quelle manière les CME, peuvent participer à la vie socio-économique et politique de leur pays, le Maroc. Pourtant, le vote est pour la plupart d’entre eux, leur seule possibilité de participation politique. Les priver de cet acte qui est une expression forte de leur citoyenneté et de l’intérêt qu’ils portent pour leur pays, est d’une injustice inqualifiable.
Faut-il rappeler, que le vote des citoyens marocains de l’étranger n’est pas un faux problème comme le prétendent certains responsables du dossier, qui ne ménagent d’ailleurs aucun effort, pour les empêcher de jouir de ce doit constitutionnel. Au contraire c’est un droit légitime et toute décision qui les prive de ce droit, relève de discrimination et d’atteinte aux droits de l’homme, voire du manque de démocratie, dont ils ne cessent de parler.
Düsseldorf, le 22 Septembre t 2011
S. Charchira
Directeur du centre européen d’étude et d’analyse sur la migration
Mail : charchira@gmx.net